- AÏNOUS
- AÏNOUSLes Aïnous (Ainu ) forment en Asie orientale une minorité ethnique habitant Sakhaline, les Kouriles et, de façon majoritaire, le Hokkaid 拏. Très différents ethniquement de leurs voisins, ils ont le teint brun clair, les yeux foncés, le nez très large, des lèvres épaisses, de longs cheveux ondoyants et un système pileux très riche sur tout le corps. Leurs traits anthropologiques les distinguent des Mongoloïdes et les rapprochent des Australoïdes.Les originesVivant en pays japonais, ils ont, depuis le XIe siècle, peu à peu adopté le mode de vie nippon malgré d’anciennes hostilités. En fait, leur nombre était jadis appréciable et ils occupaient une bonne moitié du Japon. Mais ils furent peu à peu refoulés vers le nord, surtout depuis la réforme de Taika (milieu du VIIe siècle), la cour envoyant des troupes et établissant des retranchements dans les territoires aïnous pour soumettre les habitants. Les Aïnous ne sont plus aujourd’hui que quelques milliers et semblent en voie de lente extinction. Les Aïnous furent longtemps considérés comme les premiers habitants du Japon, les porteurs de la culture J 拏mon et les ancêtres des Japonais modernes (théorie des Pré-Aïnous, de Morse et Tsuboi, ainsi que théorie dite des Aïnous, de Koganei: toutes deux ont été abandonnées vers 1920). En fait, il est difficile de l’admettre, et l’on pense plus souvent qu’ils sont issus comme les autres habitants nippons d’un métissage entre un type hypothétique de Proto-Japonais et d’autres groupes venus d’ailleurs.Une théorie japonaise postérieure considère que les porteurs de la culture J 拏mon, hommes dont l’origine demeure inconnue, furent les ancêtres communs des actuels Japonais – par métissage avec des hommes de l’ouest du Japon – et des actuels Aïnous, à la suite d’un mélange avec d’hypothétiques Proto-Aïnous (théorie de Kiyono). On a pu à un certain moment, à cause de leur tête de moujik – encore doivent-ils peut-être ce trait à un siècle et demi d’occupation russe –, les rapprocher des Sibériens. Mais des études de l’anthropologie soviétique ont montré que les territoires de la Sibérie orientale étaient peuplés de nombreux groupes de races mixtes, que l’élément aïnou n’était qu’une composante secondaire des habitants, et qu’il s’atténuait avec l’éloignement des côtes. Le type aïnou est donc bien établi sur le territoire de ses origines, et ce n’est pas un immigrant venu de l’ouest. Tout le bassin de l’Amour, qui aurait pu être son berceau, est occupé par le type paléoasiatique aux cheveux plats et proche des populations central-asiatiques; plus au nord, l’Esquimau est aussi un type distinct. C’est au sud que se trouvent les plus forts apparentements, notamment avec les Australoïdes auxquels se rattachent les Négroïdes, les Dravidiens de l’Inde, les Négritos et les Malais. Dans la chaîne Annamitique, on a même retrouvé des ossements fossiles qu’il est possible de considérer comme appartenant à un Proto-Aïnou. La solution la plus vraisemblable est que les ancêtres des Aïnous sont venus du Sud et qu’ils se sont métissés au Japon avec des éléments subarctiques.Aspects culturelsÀ ces données anthropologiques s’ajoutent des données linguistiques. La langue aïnoue comporte en effet des éléments malayo-polynésiens que les éléments altaïques propres à la Sibérie n’ont pu faire disparaître. Des considérations archéologiques et ethnographiques rendent aussi compte de ce caractère mixte de l’Aïnou: le culte du crâne et celui du serpent, l’arc de type indonésien, le tissage de fibres végétales sont autant de témoins d’une liaison avec les civilisations des archipels du Sud. Même la fête de l’ours, qui évoque aujourd’hui la Sibérie – mais qui au IIe millénaire avant notre ère existait chez les Shang, venus eux-mêmes de Mandchourie en Chine –, répond à d’autres idées totémiques plus méridionales, telles celles de l’ours himalayen ou du tigre. Enfin, l’instrument de musique utilisé lors des fêtes, un tambour que frappent les femmes, est d’un type répandu plus particulièrement aux Philippines. L’analyse des différentes données conduit donc à admettre qu’une des composantes de la race japonaise est venue du Sud et qu’elle a produit entre autres, par suite du métissage avec les Nordiques, la race aïnoue. Celle-ci aurait été ensuite peu à peu évincée par un nouveau croisement de cette même branche méridionale avec des éléments sino-mongols ou bien un éventuel Proto-Japonais dont nous ne connaissons aucun témoin pour l’instant. Il faut en tout cas rejeter le vieux mythe qui fit des Aïnous les descendants de quelques chasseurs magdaléniens ou de quelques tribus venues du Caucase.
Encyclopédie Universelle. 2012.